L’Afrique peut nourrir sa population si…

Dans le cadre du festival des solidarités 2017 le comité de Rennes du Mouvement de la paix a initié avec d’autres associations une série d’initiatives pour travailler sur le lien développement durable et paix.

Cette année c’est essentiellement le thème de la faim qui a été travaillé avec :

  • Un partenariat avec le lycée agricole Saint-Exupéry qui a accueilli exposition Visages de paix
  • une rencontre avec les élèves de ce lycée sur le thème la culture de la paix

  • Une conférence débat au lycée agricole avec le concours de Bruno Parmentier auteur du livre Faim Zero aux éditions la découverte
  • Une conférence publique de Bruno Parmentier à la Maison des associations en partenariat avec l’association Gorom Rennes Gorom

Parallèlement le Mouvement de la paix entend que partenaire d’un collectif est signataire d’un appel « l’Afrique peut se nourrir si… » paru dans Ouest France du 5 décembre 2017.

Si nous luttons contre les armes de destruction massive que sont les armes nucléaires, nous n’oublions pas comme le dit Ziegler pour la première arme de destruction massive aujourd’hui c’est la faim qui condamne 850 millions de personnes à vivre dans un fin extrême qui aboutit à ce qu’un enfant de moins de 7 ans meurt de faim toutes les 10 secondes.

L’Afrique peut nourrir sa population si…

Voici le texte de ce point de vue collectif.

L’Afrique peut nourrir sa population si…

Point de vue. Guy Durand, agroéconomiste, Bernard Jouan et Claude Cheverry, ingénieurs agronomes (1).

La souveraineté alimentaire pour chaque continent et la protection de la planète sont les deux enjeux majeurs du XXIe siècle. Aujourd’hui encore, 800 millions de personnes, un habitant de la terre sur neuf, souvent des femmes et des enfants, souffrent de la faim. Sans compter les malnutritions, carences, maladies induites…

C’est encore plus vrai en Afrique. Sa population augmente de 2 à 3 % par an et pourrait passer de 1 à 2 milliards d’habitants d’ici à 2050. La progression urbaine et périurbaine est plus rapide, de 6 à 7 %, dans les villes, avec en corollaire une perte de forces vives dans les campagnes pour l’agriculture vivrière locale.

Le constat est d’autant plus préoccupant pour les pays d’Afrique de l’ouest et centrale que leur climat, en grande partie « sahélien » (longue saison sèche), connaît des dérèglements de plus en plus fréquents.

Des accords de partenariat économique (APE) sont en négociation entre l’Union européenne et l’Afrique. Ils suppriment la possibilité pour un pays de mettre en place des protections douanières, y compris pour de nombreuses cultures vivrières. Cela va priver les États africains de ressources financières douanières non négligeables et entraver le développement de productions locales soumises à la concurrence de produits européens, encore largement subventionnés et, en conséquence, accélérer l’exode rural et les processus de migrations internes et externes.

Vers la souveraineté alimentaire

Pourtant l’Afrique peut, demain, nourrir sa population… Si les politiques publiques sont adaptées. L’agriculture africaine recèle un potentiel important si elle est accompagnée par : 1) une protection par rapport aux importations de produits agricoles : elles doivent être exclues des APE comme furent en leur temps, les agricultures européennes retirées des accords de l’OMC. 2) Une action forte des pays riches pour lutter contre le réchauffement climatique. 3) Un appui à la formation et à l’organisation des acteurs de l’agriculture. 4) Une politique qui redonne sa dignité au métier de paysan.

Des actions pérennes sont aussi à engager sur la fertilisation des sols : l’accès à des semences de qualité, des pratiques culturales adaptées à chaque situation, la connaissance et la maîtrise du parasitisme, une post-récolte organisée (conditionnement, stockage, organisation des marchés locaux, transformations, chaîne du froid…) et la sauvegarde du patrimoine arboré… Dans le contexte de l’Afrique, la gestion des ressources en eau est essentielle, non seulement pour les besoins humains mais aussi pour les productions vivrières.

Il appartient aux pays européens d’œuvrer dans ce sens et non d’imposer leurs exportations agricoles et alimentaires. Les modèles de production et de consommation européens doivent être modifiés pour ne pas entraver le développement des agricultures africaines et aussi pour protéger la planète.

Aller vers une souveraineté alimentaire de chaque continent, une agriculture respectueuse de l’environnement, sont des conditions qui permettront demain de nourrir de manière satisfaisante toute l’humanité.

(1) Au nom du collectif bretillien « Vigilance Solidarités 35 » : Artisans du Monde ; Attac Rennes ; Attac Saint Malo-Jersey ; Agro sans frontières ; Bienvenue ; CCFD Terre Solidaire 35 ; COSIM Bretagne ; Coordination de la diaspora africaine ; CRIDEV ; LDH 35 ; Maison Internationale de Rennes ; Foi et justice ; Mouvement de la paix ; Peuples Solidaires/Action-Aid 35 ; Terre des Hommes France 35 ; Survie ; UTUD.

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